Calandreta développe une méthode de pédagogie qui vise à donner la parole à l’enfant, le rendre autonome, réguler la vie du groupe et l’utiliser comme vecteur d’apprentissage.
Elle utilise des « institutions » et des outils pédagogiques qui vont dans ce sens. En voici quelques-uns à titre d’exemple. La liste n’est pas exhaustive et ne présente en aucun cas un caractère obligatoire. En effet, les professeurs les adaptent aux besoins des élèves de leurs classes.
le « Qué de nau ? » (Quoi de neuf ?) : moment d’échange entre les enfants, où chacun raconte des choses qu’il a fait ou vécu ; c’est un moment de parole où chacun peut trouver sa place dans le groupe constitué par la classe.
le « Conselh » (conseil) : le conseil est présidé par un élève et c’est lui qui le dirige, en distribuant la parole dans la classe. Les enfants et les adultes doivent y respecter des règles : lever la main pour demander la parole, attendre son tour de parole, écouter les autres lorsqu’ils parlent, ne pas se moquer.
Le conseil de classe ou d’école est un moment de régulation sécurisé entre toutes les personnes qui animent la vie quotidienne de l’école. Pour prendre la parole en conseil il faut s’inscrire dans des rubriques : informations, propositions, questions et demandes, critiques et félicitations.
le « bilanç meteò » (bilan météo) : en fin de journée, les enfants évaluent par un geste la journée qu’ils viennent de passer : main ouverte pour « sorelh » (soleil) , main à demi-fermée pour « nubla » (nuage) et main fermée pour « auratge » (orage).
Cela permet à toute la classe de connaître sa propre température. Chacun peut ainsi analyser les moments vécus pendant la journée au travers du regard des autres. L’enfant ne repart pas chez lui avec un problème qui lui pèse. On lui offre la possibilité de le laisser à l’école.
les « talhèrs » (ateliers) : les enfants choisissent l’activité qu’ils désirent faire parmi plusieurs qui leur sont proposées ; nous retrouvons les ateliers souvent en maternelle ; ils permettent à l’enfant d’entrer en douceur dans ce lieu qu’est l’école et d’y trouver ou retrouver ses marques. Mais ils peuvent aussi être installés lors de travaux réunissant toute l’école (Carnaval, projet d’école…) ou encore lors d’activités sur thème.
les « cintas » (ceintures) : elles remplacent le système d’évaluation par des notes ; c’est un système d’évaluation basé sur des couleurs à « gravir ». Ce système permet aux enfants de s’auto-évaluer et de valoriser leurs acquis. C’est une évaluation individuelle de l’enfant selon ses propres avancées et non une évaluation en fonction du niveau général de la classe. Il y a une progression de ceinture par matière, et souvent une pour le « comportement ». L’élève se rend compte qu’il est maître de sa progression et la visualise.
« los batalaires » (les journaux de l’école) : ce sont des journaux entièrement créés par l’école. Chaque classe y participe à hauteur de ce qu’elle peut apporter. Il peut y avoir des « textes libres ou des dessins contés », des créations de toutes sortes, des entrevues, des comptes-rendus de sorties, des bilans de rencontres avec des intervenants… Bref, c’est une « vitrine » du travail réalisé par les élèves de l’école et un miroir pour les élèves eux-mêmes.